Film aux 8 oscars, en 1954, Tant qu'il y aura des hommes confrontent des destins individuels à la grande Histoire. Décembre 1941, à Oahu, la guerre se profile, contre le Japon, et à Pearl Harbor, dans une morne vie de caserne, des individus vivent leur dernier moment de bonheur. Baiser plein de fougue entre Burt Lancaster et Deborah Kerr dans l'écume du Pacifique, sur une plage déserte, passion naissante entre Monty Clift et Dona Reed, deux couples que la guerre va fracasser, puisqu'entre l'amour et le devoir militaire les hommes choisiront la seconde option.
Il restera aussi ce requiem, d'un Monty Clift pleurant son ami Maggio//Sinatra, victime de la bêtise humaine, nostalgique trompette dont les tristes sons annoncent des lendemains funestes.
Réquisitoire contre l'institution militaire, From here to eternityde Fred Zinneman est aussi un regard désenchanté sur la condition humaine, sur la violence des hommes et l'impuissance des femmes, réduites à subir la folie virile et belliqueuse du Premier sexe ! J'entend encore les sons de la trompette Cliftienne ...
Curieusement, ce western mythique, de 1961, n'est pour moi pas le meilleur de John Sturges, loin de là, je préfère nettement Le dernier train de Gun Hill, avec Kirk Douglas et Anthony Quinn ! Alors pourquoi ce film est-il devenu culte ? Parce que ce fut l'adaptation américaine d'un chef d'oeuvre japonais de Kurosawa, Les 7 samouraïs ? Peut-être ...il y a quelque chose de très judéo-chrétien, dans cette histoire, une quête vers la rédemption, de ces 7 mercenaires, qui pour des motivations purement cupides, à l'origine, vont s'immoler sur l'autel du Bien, pour sauver cette communauté paysanne racketée par des outlwas sans foi ni loi.
Mais plus que la dramaturgie narrative, le coup de génie de Sturges fut le casting du film. Sous la houlette de Yul Brynner, déjà star à Hollywood après avoir tourné Les 10 commandements de Cecil B.deMille, des jeunes premiers promis à un grand avenir vont faire le succès de ce western. Steve Mac Queen sort à peine de la série Au nom de la loi, qui l'a rendu célèbre et commence sa carrière cinématographique, à 31 ans dans le rôle de Vin. James Coburn, comme Mac Queen, n'a quasiment jamais tourné pour le cinéma et vient aussi de la télévision. Physique singulier que ce Coburn là, tout en longueur et en nonchalance, qui fera le bonheur de Leone, un peu plus tard et de Peckinpah. Charles Bronson si il a déjà joué les faire-valoir dans des films comme Vera Cruz, d'Aldrich, en 1955, n'est pas encore le personnage énigmatique au visage buriné qu'il deviendra ensuite. Robert Vaughn, trentenaire comme les autres, a lui, tourné quelques films de série B et contrairement aux autres, mènera une carrière à la télévision, après ce film, comme un agent très spécial. Il retrouvera Mac Queen dans le célèbre Bullitt, quelques années plus tard. A ces 5 là s'adjoint un jeune premier allemand, Horst Buchholz, qui essaie une carrière américaine, après avoir été le petit fiancé de Romy Schneider, dans Monpti et le très costaud Brax Dexter, solide second rôle qui a déjà tourné de nombreux films.
Le génie du casting fut donc d'adjoindre 5 jeunes premiers, peu connus du grand public à deux acteurs confirmés qui allaient faire face à une bande de mexicains dirigée par le futur Tuco, Eli Wallach.
Que reste-t-il des 7 mercenaires aujourd'hui ? Mac Queen est parti le 1er, en 1980, victime d'un cancer généralisé, à 50 ans, Yul Brynner l'a suivi 5 ans plus tard, lui aussi, victime du cancer du poumon. Le grand Coburn est parti en 2002, à l'âge de 74 ans, suivi de peu par Brad Dexter. Charles Bronson, le mythique Harmonica, qui multiplia, par la suite, les rôles de justicier, s'en alla en 2003. Le jeune Chico, Horst Buchholz est parti la même année, il faut voir le très bel hommage que lui a rendu son fils, Christopher, dans un beau documentaire, Mein Papa!
Il ne reste donc plus que Robert Vaughn qui, a 75 ans, ne tourne plus que pour la télévision, le dernier des 7 mercenaires, tout seul face à l'inoxydable Eli Wallach qui vient d'avoir 93 ans !